Depuis le début du conflit en Ukraine, de nombreux conducteurs sont arrivés en France avec leur propre voiture immatriculée en Ukraine.
Très vite, la même question revient : comment rouler légalement en France avec un véhicule ukrainien ?
Faut-il changer les plaques, souscrire une assurance spéciale, passer par la douane, immatriculer la voiture en France ?
Cet article fait le point, de manière pratique, sur les solutions possibles pour circuler, s’assurer et, si besoin, immatriculer un véhicule ukrainien en France. Notre page explicative pour comprendre l’assurance temporaire auto est d’ailleurs consultable au besoin.
Les informations qui suivent sont générales et ne remplacent pas les conseils d’un professionnel du droit ou d’un assureur :
chaque situation doit être étudiée au cas par cas (statut en France, durée de séjour, type de véhicule, ancienneté, documents disponibles, etc.).
L’objectif est de vous donner une vision claire des options existantes, des limites légales et des précautions à prendre pour éviter
de rouler sans assurance ou en infraction, tout en tenant compte du contexte particulier des réfugiés et déplacés ukrainiens.
1. Rappels sur le statut d’un véhicule ukrainien en France
Lorsqu’une voiture arrive en France avec des plaques ukrainiennes, elle est considérée comme un véhicule étranger en circulation temporaire.
Cela entraîne plusieurs conséquences :
- Le véhicule reste soumis en priorité au droit ukrainien pour sa propriété et son immatriculation.
- En France, il doit néanmoins respecter le Code de la route et les règles locales (contrôle technique, sécurité, stationnement, etc.).
- Le conducteur doit disposer d’une assurance valide couvrant au minimum la responsabilité civile sur le territoire français.
En temps normal, un véhicule immatriculé hors de l’Union européenne ne peut circuler que pendant une période limitée (souvent quelques mois)
sans être formellement importé et immatriculé dans le pays d’accueil. Toutefois, le contexte ukrainien a conduit les États européens,
dont la France, à adopter des mesures temporaires et des tolérances. Elles concernent notamment :
- La durée de séjour autorisée du véhicule sur le territoire.
- La situation des personnes bénéficiant d’une protection temporaire ou d’un statut spécifique.
- La possibilité de régulariser la situation plus tard par une procédure d’immatriculation en France.
Dans la pratique, on rencontre essentiellement deux profils :
- Les personnes de passage, qui restent quelques semaines ou mois en France avant de repartir vers un autre pays ou de retourner en Ukraine.
- Les personnes qui s’installent durablement en France et souhaitent garder leur véhicule à long terme.
Les solutions ne seront pas les mêmes dans ces deux cas. Pour les séjours courts, la priorité est souvent de trouver une assurance adaptée
sans forcément changer d’immatriculation. Pour les installations plus longues, la question de l’importation et de la carte grise française
finit par se poser rapidement.
Avant de choisir une solution, il est crucial de réunir tous les documents disponibles du véhicule :
certificat d’immatriculation ukrainien, contrat d’assurance ukrainien (s’il existe), certificat de conformité éventuel, facture ou preuve de propriété,
et, bien sûr, vos documents personnels (titre de séjour, protection temporaire, permis de conduire, etc.).
2. Assurance d’un véhicule ukrainien en France : quelles options ?
Rouler avec des plaques ukrainiennes en France n’est possible que si le véhicule est correctement assuré.
C’est le point le plus important : en cas de contrôle ou d’accident, les forces de l’ordre vérifieront d’abord
l’existence d’une assurance en cours de validité couvrant au moins la responsabilité civile.
2.1. Vérifier d’abord l’assurance ukrainienne existante
Premier réflexe : regarder si le véhicule dispose déjà d’une assurance auto souscrite en Ukraine.
Certaines compagnies ukrainiennes délivrent une carte verte valable sur le territoire de plusieurs pays,
dont parfois la France. Cette carte verte est un document international attestant que la responsabilité civile est couverte
dans les pays listés.
Concrètement, il faut :
- Contrôler les dates de validité du contrat et de la carte verte.
- Vérifier si la France figure bien dans la liste des pays couverts (ou si elle n’est pas barrée).
- Demander, si possible, une attestation en anglais ou en français pour faciliter les contrôles.
Si l’assurance ukrainienne est toujours valable et que la carte verte couvre la France,
vous pouvez en principe circuler sur le territoire français pendant une période limitée,
en respectant les règles générales applicables aux véhicules étrangers.
Il reste néanmoins recommandé de se renseigner sur les montants de garantie et sur la prise en charge
effective en cas de sinistre grave.
2.2. Souscrire une assurance frontière ou une assurance temporaire
Lorsque l’assurance ukrainienne ne couvre pas la France, est expirée ou difficile à faire reconnaître,
il faut trouver une solution d’assurance locale. Dans ce contexte, deux types de contrats reviennent souvent :
- Les assurances “frontière” proposées à proximité des postes frontières ou par certains assureurs européens.
- Les contrats d’assurance de courte durée, parfois appelés “assurance provisoire” ou “assurance temporaire”.
Une assurance frontière est généralement un contrat de responsabilité civile d’une durée limitée
(quelques jours à quelques mois) qui permet à un véhicule immatriculé hors UE de circuler légalement.
En pratique, ces contrats ne sont pas disponibles partout et leur prix peut être élevé,
mais ils offrent une solution rapide pour régulariser sa situation à l’arrivée.
L’autre piste consiste à passer par des intermédiaires spécialisés en assurance de courte durée.
Certains acceptent d’étudier les dossiers de véhicules non immatriculés en France,
à condition de disposer de suffisamment de garanties (documents du véhicule, identité du conducteur, stabilité de la situation en France, etc.).
Selon les cas, ils peuvent proposer :
- Une assurance responsabilité civile simple pour permettre de circuler légalement.
- Une formule avec éventuellement des garanties complémentaires limitées (vol, incendie, bris de glace…),
mais ce n’est pas systématique.
L’avantage de ces solutions est de pouvoir assurer rapidement un véhicule ukrainien
sans passer immédiatement par une immatriculation française.
Mais il faut accepter certaines contraintes : tarifs parfois plus élevés, durée courte, conditions d’acceptation plus strictes,
exclusions possibles, etc.
2.3. Pourquoi certaines compagnies refusent les véhicules ukrainiens
Beaucoup d’automobilistes se heurtent à un refus lorsqu’ils contactent des assureurs classiques.
Ce n’est pas forcément lié à la nationalité du conducteur, mais plutôt au statut du véhicule :
- Voiture non immatriculée en France.
- Historique difficile à vérifier (accidents, sinistres antérieurs, kilométrage).
- Documents parfois incomplets ou abîmés du fait du contexte de départ précipité.
- Durée de séjour incertaine et situation administrative du conducteur en cours de régularisation.
Les compagnies qui acceptent ce type de risque sont souvent des intermédiaires spécialisés,
habitués aux véhicules étrangers, aux situations de transit ou de séjour temporaire.
Ils demandent en contrepartie plus de justificatifs et appliquent des conditions adaptées au niveau de risque.
Pour mettre toutes les chances de votre côté, il est utile de préparer :
- Le certificat d’immatriculation ukrainien (original).
- Les coordonnées exactes en France (adresse d’hébergement, téléphone, mail).
- Votre titre de séjour ou attestation de protection temporaire, si vous en bénéficiez.
- Une traduction des principaux documents si ceux-ci sont difficiles à lire.
2.4. Limites et enjeux de la solution “assurance seulement”
S’assurer en conservant les plaques ukrainiennes est une solution pratico-pratique pour les premiers mois.
Elle est particulièrement adaptée aux personnes qui :
- Prévoient de repartir à moyen terme vers un autre pays ou vers l’Ukraine.
- Ont besoin de leur véhicule pour des déplacements ponctuels (démarches administratives, trajets familiaux, etc.).
- Souhaitent gagner du temps avant de décider de s’installer durablement en France.
Cependant, cette solution a des limites :
- Les contrats temporaires ne sont pas prévus pour des dizaines de mois consécutifs.
- Le coût cumulé peut devenir élevé si l’on renouvelle plusieurs fois.
- La question de la douane et de l’importation du véhicule finit par se poser si le séjour se prolonge.
C’est pourquoi, au-delà d’une certaine durée de présence en France,
il devient pertinent de se pencher sur la régularisation complète du véhicule :
importation, paiement éventuel de droits et taxes, puis immatriculation française.
C’est précisément ce que nous allons aborder dans la partie suivante.
3. Immatriculer un véhicule ukrainien en France : dans quels cas et comment faire ?
Lorsque le séjour en France se prolonge, que la protection temporaire est renouvelée ou que le conducteur souhaite s’installer durablement,
la question de l’immatriculation française devient incontournable.
Il ne s’agit pas d’une obligation immédiate pour tous, mais d’une démarche souvent nécessaire si le véhicule reste en France pour une longue période
ou si l’on ne peut plus maintenir une assurance étrangère ou temporaire.
3.1. À quel moment l’immatriculation française devient-elle obligatoire ?
En règle générale, un véhicule immatriculé hors Union européenne peut circuler en France pendant une durée limitée sans formalités douanières.
Cette durée dépend du statut de la personne :
- Personnes de passage : séjours courts, généralement limités à quelques mois.
- Personnes bénéficiant de la protection temporaire : régime assoupli, mais la tolérance n’est pas illimitée.
- Personnes qui s’installent durablement : le véhicule doit être importé et immatriculé dès lors que la résidence principale est fixée en France.
En pratique, dès que le véhicule est destiné à rester en France plus de quelques mois et que vous en faites un usage régulier,
les autorités attendent une régularisation douanière suivie de l’obtention d’une carte grise française.
3.2. Importation du véhicule : la première étape
Avant d’obtenir une carte grise française, il faut procéder à l’importation du véhicule.
Cela consiste à déclarer le véhicule auprès des douanes françaises.
Selon votre situation, cela peut être gratuit ou soumis à des droits et taxes.
Trois éléments déterminent le traitement du dossier :
- Votre statut administratif en France.
- La valeur du véhicule.
- Le caractère personnel ou commercial de l’importation.
Pour les personnes bénéficiaires de la protection temporaire, les règles peuvent être assouplies.
Dans certains cas, il est possible d’importer un véhicule personnel sans droits de douane,
notamment lorsque le conducteur peut prouver que le véhicule lui appartient et qu’il a été utilisé avant l’entrée en France.
À l’issue de cette étape, la douane délivre un document essentiel : le certificat de dédouanement (quitus douanier).
Il est obligatoire pour la suite.
3.3. Obtention du certificat de conformité
Pour immatriculer un véhicule étranger, il faut prouver qu’il respecte les normes européennes.
C’est le rôle du certificat de conformité (COC).
Deux cas possibles :
- Le véhicule possède déjà un certificat de conformité européen d’origine : la procédure est simple.
- Le véhicule ne possède qu’une conformité partielle (ou inconnue) : il faut demander un certificat auprès du constructeur ou passer par une réception à titre isolé (RTI),
procédure plus longue et plus coûteuse via la DREAL.
Certains véhicules ukrainiens, notamment plus anciens ou modifiés, peuvent nécessiter une RTI.
Cela peut entraîner un délai supplémentaire qu’il faut anticiper.
3.4. Contrôle technique en France
Même si le véhicule avait un contrôle technique ukrainien, il faudra souvent passer un contrôle technique français
pour valider l’immatriculation.
Ce contrôle permettra de vérifier la conformité mécanique du véhicule au regard des normes françaises,
notamment en matière de pollution, sécurité et systèmes électriques.
3.5. Obtenir la carte grise française (via l’ANTS)
Une fois le dédouanement effectué, le certificat de conformité obtenu et le contrôle technique validé,
vous pouvez déposer une demande de carte grise française sur le site de l’ANTS.
Les documents généralement nécessaires :
- Certificat d’immatriculation ukrainien.
- Quitus douanier.
- Certificat de conformité ou preuve de réception.
- Contrôle technique valide.
- Justificatif d’identité et de domicile.
- Attestation d’assurance en France (obligatoire).
Les frais d’immatriculation varient selon la région, la puissance fiscale et l’ancienneté du véhicule.
Une fois la carte grise obtenue, vous pourrez poser vos plaques d’immatriculation françaises et
assurer votre voiture comme n’importe quel véhicule immatriculé en France.
3.6. Quand l’immatriculation n’est pas possible
Certaines situations rendent l’immatriculation française difficile ou impossible :
- Documents du véhicule manquants (perte du certificat ukrainien).
- Véhicule non conforme aux normes européennes sans possibilité de mise en conformité.
- Dossier douanier incomplet.
- Absence de preuve de propriété.
Dans ces cas, la solution peut être :
- De revendre le véhicule dans son pays d’origine.
- De le garder uniquement en usage très temporaire, en cherchant une assurance limitée dans le temps si possible.
- Ou, dans les situations extrêmes, d’envisager une désimmatriculation en Ukraine puis une réimportation complète avec dossier complet.
L’immatriculation française reste la solution la plus stable à long terme, mais elle demande un dossier sérieux et complet.
Dans la dernière partie, nous verrons quelles stratégies pratiques permettent de choisir la meilleure solution selon votre situation.
4. Quelle solution choisir selon votre situation ? Conseils pratiques
Chaque conducteur arrivant de l’Ukraine n’a pas le même projet en France. Certains ne restent que quelques semaines,
d’autres quelques mois, d’autres encore s’installent durablement avec leur famille.
Les solutions administratives et assurantielles ne sont pas identiques selon votre situation.
Voici les scénarios les plus fréquents, avec les options les plus adaptées dans chaque cas.
4.1. Vous restez temporairement en France (séjour court)
Si vous pensez rester quelques semaines ou quelques mois, le plus simple est généralement de conserver les plaques ukrainiennes
et de vous assurer avec une solution provisoire. Cela peut passer par :
- La carte verte ukrainienne si elle couvre la France et qu’elle est encore valide.
- Une assurance frontière pour une durée limitée.
- Une assurance temporaire via un intermédiaire spécialisé acceptant les véhicules étrangers.
Cette approche évite de démarrer une procédure d’importation, souvent longue et coûteuse.
Elle permet également au conducteur de rester mobile le temps de régler ses démarches administratives ou de préparer son départ vers un autre pays.
Il est toutefois important de ne pas multiplier les contrats très courts pendant de nombreux mois :
sur le long terme, cela revient souvent plus cher qu’une régularisation complète.
4.2. Vous êtes en France pour plusieurs mois, mais sans certitude de rester longtemps
Dans ce cas, mieux vaut privilégier une solution hybride :
- Trouver une assurance adaptée pour rouler en plaques ukrainiennes.
- Commencer à rassembler les documents nécessaires au cas où une immatriculation serait nécessaire plus tard.
La plupart des difficultés rencontrées lors d’une future immatriculation viennent du manque de documents (certificat ukrainien incomplet, absence de preuve de propriété).
En préparant ces éléments dès maintenant, vous gardez la possibilité de régulariser votre véhicule si la situation évolue.
4.3. Vous vous installez durablement en France
Si votre installation est prévue sur le long terme, la solution la plus stable est d’immatriculer le véhicule en France.
Cela permet :
- D’obtenir une assurance française classique, souvent moins coûteuse et mieux couvrante.
- De rouler sans limitation de durée.
- D’éviter les renouvellements successifs de contrats temporaires.
L’immatriculation demande :
- Un quitus douanier.
- Un certificat de conformité ou une réception à titre isolé (RTI).
- Un contrôle technique français.
- Une assurance française (obligatoire pour la demande de carte grise).
Cette solution offre la meilleure stabilité juridique et permet de traiter le véhicule comme n’importe quelle voiture immatriculée en France.
4.4. Cas particuliers : véhicule difficile à assurer ou à immatriculer
Certaines situations compliquent les démarches :
- Documents ukrainiens absents ou détériorés.
- Véhicule ancien ou non conforme aux normes européennes.
- Importation impossible à justifier.
Dans ces cas-là, plusieurs solutions existent :
- Rechercher un assureur spécialisé pour une assurance temporaire longue durée.
- Réunir progressivement les documents manquants (nouveau certificat ukrainien, traduction officielle).
- En dernier recours, envisager la vente ou le retour du véhicule dans son pays d’origine.
L’objectif reste de rouler en règle tout en évitant une situation bloquée où l’on ne peut ni assurer ni immatriculer le véhicule.
4.5. Conseils pratiques pour éviter les mauvaises surprises
Pour sécuriser votre situation, voici quelques recommandations utiles :
- Photographiez et scannez tous vos documents d’origine dès votre arrivée en France.
- Demandez à votre assureur ukrainien une attestation multilingue si vous en avez la possibilité.
- Conservez toutes les preuves que le véhicule vous appartient (facture, certificat, historique).
- Si vous comptez rester plusieurs mois, anticipez dès maintenant les démarches douanières.
- N’attendez pas la fin de validité d’un contrat temporaire pour chercher un assureur : les délais peuvent être longs.
4.6. Conclusion : quelle solution est vraiment la meilleure ?
Il n’existe pas une réponse universelle, mais des solutions adaptées à chaque situation.
Pour un séjour court, maintenir les plaques ukrainiennes avec une assurance provisoire suffit souvent.
Pour un séjour prolongé ou une installation durable, l’immatriculation française devient la voie la plus solide.
Dans tous les cas, la priorité est de rouler assuré, même temporairement,
et de préparer les documents nécessaires en prévision d’une éventuelle régularisation.
Les démarches peuvent sembler complexes, mais elles deviennent beaucoup plus simples lorsque le dossier est complet et anticipé.
En cas de doute, n’hésitez pas à solliciter un intermédiaire d’assurance habitué aux véhicules étrangers ou un professionnel
capable d’évaluer votre dossier et de vous orienter vers la solution la plus réaliste pour votre situation.